Mercredi, nous avons « inhumé » Papa, quoique pas exactement, puisque ses dernières volontés ordonnaient qu’il soit incinéré et que ses cendres soient dispersées. Ainsi fut-il procédé...
Je ne suis pas triste, sauf pour notre maman désormais seule. Papa souffrait énormément de ne plus pouvoir arriver à faire tout ce qu’il avait encore envie de faire. J’ai le sentiment que nous avons tous une mission à effectuer sur Terre. Notre Papa a accompli la sienne... Voilà !
Il vole à présent au gré des vents, car tel était son choix. Nous étions nombreux à être venu lui dire Adieu, famille, voisins et amis. J’ai pu dire quelques mots à l’assistance ainsi que, juste après moi, ma sœur Chantal.
Voici les miens :
« Mon papa naissait le 3 décembre 1924 à Montcaret, petit village près de Castillon la Bataille, d’Henri Meynard et de Clotilde Croisy, son épouse. Je n’ai pratiquement pas connu son père, c’est à dire mon Grand-Père, probablement porteur de séquelles de la grande guerre et décédé d’un cancer relativement jeune. C’est ce grand-père, forgeron et ajusteur, dépositaire de quelques brevets de machines agricoles à traction animale, qui ouvre le diaporama qui nous montre essentiellement papa.
Papa, de son coté, avait une passion relative à tout ce qui vole. C’est à La Réole et encore adolescent, qu’il a découvert l’aéromodélisme. C’était, pour ses petits avions et planeurs, l’époque du vol libre. Il fallait que ça tienne le plus longtemps possible en l’air et ne pas perdre l’objet de vue non plus, c'est-à-dire le perdre tout simplement comme cela arrivait souvent !
Il aurait aimé devenir pilote, mais hélas cela lui était interdit par une mauvaise vue. Il a connu la guerre sauf qu’il n’a pas vu un seul allemand. Les jeunes nés en 24 n’étaient pas mobilisables en 39 et sa participation se limite à la toute fin du conflit, très loin du moindre front, c'est-à-dire à Cazaux et à la centrale électrique de la base aérienne. En effet, à défaut de devenir pilote, il a été un bon technicien, notamment en électricité et en électronique… Sauf qu’on disait « la radio » à l’époque, et tout cela fonctionnait avec des lampes. C’est ainsi qu’un jour il a séduit une jolie fille, elle-même fille du forgeron de son village, probablement parce que c’était lui, avec aussi son frère Gérard, qui assuraient par de puissants haut-parleurs, la sonorisation des fêtes de villages. Cette fille, notre maman, est ici présente.
La suite fut celle, assez banale, d’une famille heureuse malgré quelques dures péripéties, notamment vers 1950 avec une tuberculose, qui à défaut d’emporter Robert, devait ruiner ses affaires, l’obligeant à un repli et à une reconversion vers d’autres techniques sur Nérac, agréable petite ville du Lot & Garonne ou nous, ses enfants, avons grandi. Sur le diaporama vous avez vu notre maison du Grand-Nérac telle qu’elle est maintenant. Elle était en fait, bien plus belle à l’époque car entourée de commerces, mitoyenne d’une fleuriste et il n’y avait pas d’automobiles dans la rue. Nous aimions alors nous promener le dimanche dans la garenne royale de Nérac, cette agréable et célèbre balade des bords de Baïse. Ce lieu correspond aux deux photos de groupe noir & blanc du diaporama. Nous avons connu ensuite avec lui d’autre villes, Mourenx près du du complexe pétrolier de Lacq, puis près de Bordeaux Villenave d’Ornon et enfin Cadaujac avant que nous, ses enfants, partions vivre nos propres vies... Heureux retraité au milieu des années 80, Robert retrouvait enfin ses petits avions. La technique ayant changé, ceux-ci ne se perdaient plus mais ils pouvaient parfois alors se casser. Robert a même, un temps, assuré la présidence du club d’aéromodélisme de Cadaujac avant qu’il ne déménage une dernière fois pour Saintes afin de se rapprocher de sa fille Chantal. Là, il reprenait son activité de modélisme au sein du club de Beurlay, entouré de nouveaux amis.
Je dois à mon père une égale passion vis-à-vis de tout ce qui vole et aussi un certain amour du travail bien fait et je l’en remercie. »
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