jeudi 30 novembre 2006

"L’apocalypse ne sera pas pour demain" n° 14

Les maliens sont des gens charmants parce qu'ils sont simples. Les pauvres ont souvent ce charme de la simplicité et l'africain a un sens de la débrouille qui ressemble à de la désinvolture. En fait ce n'est évidemment pas un choix et pour autant ces gens ne sont pas des naïfs. Pour tout dire ils viennent de me donner une bonne leçon.

Il y a un film qui passe en ce moment, BAMAKO que je suis allé voir. A première vue, ce n'est pas un chef-d'oeuvre ! Le résultat douteux coté images, carrément troubles et lavasses, trahis l'usage des moyens du bord typiques d'une Afrique à la dérive. La mise en scène, du même acabit, contient une bonne dose d'improvisations, à tel point que l'unité d'action n'y est même pas. Le décor est on ne peu plus naturel avec, pour l'essentiel, une cour intérieure et la rue dont les figurants sont tout simplement ceux qui vivent et travaillent là. Des teinturiers donnent des couleurs au décor... Reste quelque chose d'inestimable : le message. Vous ne le trouverez nulle part ailleurs et c'est cela qui rend finalement le film incomparable et donc, incontournable.

L'important, c'est le procès. Abderrahmane Sissako, réalisateur , a en effet imaginé une audience en plein air à l'encontre de la Banque Mondiale... Un procès qui ne risque pas de se passer pour de vrai ! Pourtant, à entendre le défilé des témoins à la barre le constat est accablant. Là se trouve la leçon, dans le vécu et la sincérité de ces braves gens qui, s'adressant au président, vident en fait leur sac au monde entier et crient lorsqu'ils le peuvent - certains ne pouvant même pas exprimer leur douleur - la détresse d'un naufrage qui leur est imposé. Ce n'est pas tout, c'est également le dogme dominant au Nord qui est démonté point par point et les abus révélés : Non l'Afrique n'est pas pauvre, elle est paupérisée. Et si elle l'est, c'est parce qu'elle est riche ! Non, la "libre circulation" n'existe pas. Ce que l'on nomme ainsi n'est qu'une façon de voler... Celui que l'on enferme dans ce vaste ghetto qu'est l'Afrique d' aujourd'hui !


Mieux valent les palabres que les messes télévisuelles auxquelles nous sommes devenus accrocs, de ce coté-ci de la Méditerranée. C'est la seconde leçon que nous donnent ces gens qui osent penser par eux-mêmes. Là je vous propose de les imiter... Comment ? Tout simplement en profitant d'une de ces séances avec débat. Vous verrez que, nous non plus, ne sommes pas libres et le débat sera aussi une courte occasion de s'enfuir de cette condition de consommateur qui fait de nous les chanceux d'un monde réglé en coulisse... C'est ce que j'ai fait ce soir de la semaine dernière où je suis sorti au cinéma et je m'en rappelle les détails comme si je sortait juste de la salle. Je ne sais pas ce qu'il faut en conclure sinon que la démocratie n'est qu'une utopie où que l'on naisse en ce monde. Reste ce qui est faisable sans révolution chez nous pour nos voisins du Sud telles les charité, bienfaisances et autres aides d'urgence dont l'utilité a été fort discutée ce soir là... Aussi estimables soient-ils, devrons nous accepter éternellement ces travaux perpétuels que les anciens grecs ne pouvaient situer qu'en Enfer ?

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